Me gustas como mujer y como persona

Réalisatrice Projets presque réalisés

 
« Il faut porter en soi un chaos,
pour pouvoir mettre au monde
une étoile filante. »
F. Nietsche “Ainsi parlait Zarathoustra”
 
 
L’état d’esprit du film tient au fait que l’intrigue se déroule au gré de hasards, d’empêchements et de revirements de situation, renforcés par des détails purement irrationnels. La relation que ces personnages ont avec leur talent, cette conception assez surnaturelle de leur état d’artiste, est aussi une conception générale de l’existence. La Vierge du Rocío, el Torta qui se signe en disant « Inch’Allah », ou dans l’avant dernière séquence: « comme s’il s’en remettait au ciel », n’en sont que 3 exemples parmi des dizaines.

Au milieu de toute cette apparente incohérence, cela éclaire cette immanence qui les mène, en dépit de tout, à ce qui était prévu, c’est-à-dire à l’enregistrement en direct… Une façon de les convaincre que tout était écrit.

Le parcours du duo, puis du trio, une fois qu’ils ont enfin trouvé El Torta, prend des allures de dérive en forme de chemin de croix, où la vie est en fait un défi à la mort. El Torta vient de tomber très amoureux… d’une japonaise qui lui est apparue comme une Vierge: d’une candeur et d’une beauté saisissantes. Cette naïve et attachante jeune femme ne veut rien d’autre qu’écouter du flamenco, assister à un juerga, mais jamais ils ne lui révèleront qui ils sont: c’est l’impossibilité d’une véritable rencontre, la fatale incapacité à se comprendre, la difficulté d’un langage commun par delà la langue, le choc des cultures…

Pourtant il s’agît d’une comédie: c’est ce qui apporte le supplément de profondeur et de poésie. Jusqu’à la fin on ne sait pas qui ils sont: on croyait que l’on avait à faire à 3 fêtards, mais, aussi bohèmes soient-ils, ils sont aussi trois artistes de très haut niveau, qui nous surprendront avec leur art juste le temps de nous laisser sur notre faim.

Me gustas como mujer y como persona